Voici un lieu qui porte bien son nom. À juste titre, le Fort des nuages aka Fort du Chaberton a détenu pendant longtemps le record de plus haut fort du monde. Perché au sommet de la montagne, il tutoie les nuages du haut de ses 3131 mètres d’altitude !

C’est une exploration différente des lieux que je visite habituellement. En fait le problème n’est pas de trouver un accès – il est ouvert aux 4 vents – mais plutôt d’arriver jusqu’à lui : impossible de s’approcher en voiture , il faut faire à pied les les 1200m de dénivelé !

 

 

Le Fort des nuages

S’il est aujourd’hui situé en France, le fort a été construit par l’armée italiennne à la fin du XIXème siècle. Le but : défendre la frontière au niveau du col de Montgenèvre. Et accessoirement surplomber la France pour pouvoir pilonner tranquillement la région de Briançon. A une époque où l’artillerie ne savait pas encore envoyer les bombes à cette altitude, le fort était réputé inatteignable.

Les travaux s’échelonnent de 1898 à 1910. Le temps de créer une route jusqu’au sommet, un téléphérique, quelques baraquements en plus du fort à proprement parler – qui ne ressemble pas vraiment à un fort, je le qualifierais plutôt de « stand de tir pour gros canons ». Ajoutez à cela des souterrains et des réserves. Et surtout le dynamitage du sommet pour l’abaisser de 6 mètres, et la construction de 8 tours de 12 mètres de haut pour y installer les canons. La hauteur de 12 mètres correspond à la plus haute chute de neige enregistrée au sommet du Chaberton.

Le fort fait alors la fierté de l’armée italienne et la terreur des habitants de la région.

 

Le jour de gloire

L’Italie déclare la guerre à la France le 20 juin 1940. Les canons du fort du Chaberton commencent à pilonner la vallée.

La bataille s’annonce compliquée pour l’artillerie française. Elle se terre derrière une montagne à 10 kilomètres de là, et surtout 1000 mètres en contrebas. Sauf qu’en 40 ans l’artillerie militaire a fait de gros progrès. Il suffit de quelques noeuds aux cerveaux des ingénieurs français pour calculer des tables de tir adaptées à cette situation inédite.

Et boum, le lendemain, la plupart des tourelles sont hors d’état de nuire. C’est l’un des rares hauts faits d’armes de l’armée française dans la débâcle générale de 1940.

Fin de l’histoire militaire pour le fort des nuages.

A l’issue de la guerre, le général De Gaulle insiste personnellement pour annexer le mont Chaberton, qui devient alors français.

Le fort est classé au titre des monuments historiques depuis 2021. Mais il est très dégradé par les conditions climatiques extrêmes à cette altitude. La partie souterraine est difficilement accessible et très dangereuse car les galeries sont remplies de glace.

 

 

La randonnée

Explorer le fort du Chaberton, c’est surtout une bonne randonnée en montagne avec toutes les contraintes des balades au-dessus de 3000 mètres d’altitude. La randonnée ne présente pas de difficultés particulières si ce n’est les 1200 mètres de dénivelé qu’il m’aura fallu 2h30 pour avaler. Ne vous fiez pas à ce temps, j’étais assez pressé ! Si vous souhaitez tenter l’aventure, vous trouverez pas mal de guides de rando sur internet qui conseillent plutôt 8h aller-retour (par exemple le site de Montgenèvre).

Parti tôt le matin, j’ai joué à cache-cache avec les nuages pendant toute l’ascension. Au point que je ne me suis pas rendu compte que j’arrivais au sommet avant de tomber nez-à-nez avec le fort !

Lors de cette exploration en plein été je n’ai pas eu de souci avec la météo extérieure. Un simple pull m’a (presque) suffi à ne pas avoir froid. Par contre je me suis gelé les miches à l’intérieur du fort. En effet la neige et la glace y ont élu domicile. Le fort fait office de glacière avec une température proche de 0 à l’intérieur. Je n’ai pas exploré autant que j’aurais voulu, limité par mes simples chaussures de marche. Il aurait fallu au moins des crampons pour aller plus loin sur la glace. Voire des bottes pour certaines pièces inondées (par-dessus la glace !).

Ca valait quand même le coup de monter mon appareil photo et mon trépied :

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