Je préfère l’avouer tout de suite : je suis nul pour reconnaitre les oiseaux. Surtout quand ils sont peints de manière pas très réaliste et de surcroit dans l’obscurité. Mais essayez de me comprendre : après plusieurs dizaines de châteaux abandonnés visités, il est de plus en plus difficile de trouver des noms pour les derniers châteaux visités. Alors à la faible lueur de ma lampe frontale, au fin fond d’un château abandonné, j’ai vu une peinture murale d’oiseau qui m’a semblé vaguement ressembler à un faisan. Alors voila le château du faisan.

 

La routine

Ce jour-là, lorsque nous passons par hasard devant le château du faisan, nous commençons à être blasés… Oui l’urbex peut être blasant, je vais vous expliquer pourquoi. Pour cela, reprenons la journée au début.

Le matin nous avons commencé la journée par une exploration pas mal du tout. Depuis nous enchainons les mauvaises surprises : entre les lieux abandonnés mais fermés hermétiquement, ceux réhabilités, ceux dont les voisins nous regardent arriver d’un mauvais oeil… Aucun des lieux que nous avions repéré n’est accessible. Des fois c’est comme ça. Au moins nous vérifions des points et nous nettoyons notre carte urbex – carte qui compte tout de même plus de 700 points « à checker », plus ou moins (in)intéressants. Alors un bon dépoussiérage de printemps ne fait pas de mal !

Et puis la chance nous sourit enfin : au milieu de nulle part, ne sachant pas vraiment où l’on est car c’est le GPS qui mène la voiture de point en point, nous passons devant ce petit château au portail rouillé et aux volets pourris… Et qui ne fait même pas partie des 700 points sur ma carte. Inconnu au bataillon. Cela n’arrange pas mon nettoyage de carte, mais il faut qu’on aille voir ça de plus près.

Jackpot

Nous faisons une première évaluation, garés à l’arrache devant la propriété : personne n’a ouvert le portail depuis un bail. On n’a pas non plus ouvert les volets récemment. Et les herbes folles ont pris possession de la cour. Cela vaut la peine de se garer correctement et d’aller voir de plus près.

Il va falloir faire le grand tour à travers champs, car il n’y a pas d’accès côté rue.

La suite en accéléré : se garer dans un endroit discret. Prendre tout le matos photo, de l’eau et de quoi survivre, on ne sait jamais pour combien de temps on part. Traverser un champ. Et enfin : arriver à 10 mètres d’où nous étions tout à l’heure, mais cette fois du bon coté de la grille.

[ N’allez pas croire que l’urbex c’est merveilleux. Des fois – 9 fois sur 10 – l’exploration s’arrête là ]

Mais là, c’est le jackpot ! Un volet ne tient pas, nous entrons par cette fenêtre.

 

Le château du faisan

Nous commençons par faire le tour du propriétaire. Je reste sur mes gardes : malgré le fait que la bâtisse montre tous les signes de l’abandon, on peut toujours tomber sur une résidence secondaire ou pire chez des gens pas du tout à cheval sur l’entretien.

J’essaie d’abord de me rassurer sur l’état d’abandon. Après avoir fait le tour complet du lieu, je confirme : personne n’habite plus ici depuis plusieurs années. La cuisine est vide, le plancher qui mène à la salle de bains est pourri (impossible de s’y rendre mal réveillé, il faut slalomer en équilibre sur des planches), le toit prend l’eau. L’exploration peut commencer.

 Nous sortons nos appareils et commençons à shooter ce petit bijou. Quelqu’un a rangé les meubles comme on fait avant de quitter un lieu, mais tout est encore là quand même. C’est le signe que peu de visiteurs sont passés avant nous –  sinon le lieu serait soit mis en scène (par d’autres explorateurs), soit retourné (par des pilleurs). C’est donc une belle découverte dont nous savourons l’exclusivité.

Le plan du château du faisan est étonnant : 6 ou 7 salons nobles au rez-de-chaussée, dans une obscurité presque totale.  A l’étage – quasi inexistant – une seule chambre et quelques pièces servant de débarras. L’escalier n’est pas digne d’un château de cette classe – en fait même pas digne d’un pavillon de banlieue. Comme si ce château ne servait que comme lieu de réception,  et non d’habitation.

La suite

Une fois rentrés chez nous, mon binôme fait des recherches sur l’histoire du lieu. Les héritiers ont mis en vente le château du faisan après la mort de la dernière propriétaire. La mairie a usé de son droit de préemption pour acquérir le château. Je n’ai pas bien compris le projet. Dans les comptes-rendus de la mairie, on parle de construire une salle polyvalente. A la place du château ?!?

Cet article a 3 commentaires

  1. Les mairies ont un pouvoir exorbitant sur ke patrimoine et par électoralisme ne pensent qu’a démolir la beauté pour construire di social moche et bon marche non par altruisme helas mais par cupidité c’est fort triste

  2. très belles photos. J’espère encore une fois de trouver une telle maison. je n’abandonne pas. Salutations de Suisse

    1. Merci beaucoup Jürg !

  3. super beau photos excellentes belles découvertes et en accord avec fleur Turner

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