Dans une forêt paisible, seules quelques traces de béton trahissent la présence du bunker sous nos pieds. C’est un véritable fort qui se déploie sous la montagne, capable d’accueillir une garnison entière.

Le bunker est un lieu abandonné dont je me souviendrai. Pour plusieurs raisons : ma première exploration souterraine, mon premier site militaire avec des armes encore en place, et aussi l’accès le plus difficile que j’ai fait à ce jour.

Il n’y a aucune lumière naturelle dans ce lieu, je m’en suis donc remis à mon petit projecteur pour les photos. Vous m’excuserez pour la qualité d’éclairage. Mais le lieu est impressionnant, je vous propose donc une visite autant documentaire que photographique aujourd’hui.

L’arrivée au bunker

Au départ ce bunker n’était qu’une solution de repli. Ce jour là nous avions prévu de visiter un autre lieu abandonné. Mais ce n’était pas notre jour et après plusieurs tentatives nous nous résolvions à contrecoeur à rebrousser chemin. Nous nous sommes rabattus sur ce bunker dont je savais très peu de choses.

Nous approchons du site. Dans la forêt plusieurs vestiges de fortifications sont visibles – des pans de béton qui sortent du sol ça et là. Nous mettons un petit moment à trouver un accès. Mon collègue d’exploration se glisse le premier dans une chatière. C’est bon, ça passe ! Le problème est qu’il faut se contorsionner pour accéder à un conduit d’aération, pour ensuite ramper quelques mètres dans ce conduit et finir par déboucher dans une pièce. Et avec ma tendance claustrophobe, ce problème n’est pas des moindres pour moi… J’avoue que j’ai failli renoncer. Je laisse mon binôme partir devant et après quelques minutes d’auto-persuasion, je me lance enfin à l’assaut du bunker. Ce n’est pas si difficile que ça finalement.

Dans les entrailles du bunker

L’armée française construit le bunker probablement dans les années 30. Son rôle est de barrer la progression ennemie en sécurisant la vallée qu’il domine. Il fait partie de la ligne Maginot. Il semble n’être plus utilisé depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ce qui veut dire qu’il est dans son jus depuis près de 70 ans ! Tout le gros mobilier est encore présent. Les parties métalliques ont rouillé avec l’humidité souterraine ; à part ça les pièces n’ont pas bougé, la peinture des murs tient bon.

Derrière ses petites ouvertures on n’imagine pas la taille du complexe enterré sous la montagne : il pouvait accueillir plus de 100 hommes et subvenir à tous leurs besoins pendant plusieurs semaines.

Il ne dispose que de 2 portes à flanc de montagne : la première laissant passer une personne. La deuxième plus large permet le passage de petits chariots pour l’approvisionnement du complexe. Bien évidemment nous trouvons ces 2 portes verrouillées – à noter également leur épaisseur impressionnante. Des meurtrières la protègent, laissant juste l’ouverture pour passer le canon d’une mitraillette. Concues pour résister àune armée, il est impensable que 2 petits explorateurs (sans explosifs !) arrivent à entrer par là !

 

Une fois à l’intérieur, un grand couloir s’enfonce dans la roche en desservant plusieurs pièces communes. Nous découvrons le poste de commandement, le central téléphonique, l’atelier, les groupes électrogènes, les réservoirs d’eau, et d’autres moins intéressantes que je ne vous montrerai pas.

 

On trouve aussi plusieurs pièces servant de chambres ou de dortoirs.

 

Le couloir se divise ensuite en 2, chaque partie étant protégée par de lourdes portes.

L’observatoire

Chaque bloc à une fonction distincte. Chacun est desservi par un grand escalier menant à la surface de la montagne – mais sans portes, les ouvertures servent uniquement pour voir ou tirer. Le premier bloc a une fonction d’observation : des cloches d’acier émergent à la surface avec de petites ouvertures qui permettent d’observer et de sortir juste un canon de mitraillette légère.

Des lits sont présents dans toutes les pièces jusqu’à côté des canons – la guerre n’attend pas, il faut être prêt à toute heure du jour et de la nuit.

L’artillerie

L’autre sous-ensemble est la partie défensive du lieu. Et oui, ce bunker ne servait pas uniquement à se terrer en attendant que l’orage passe ; son rôle est de barrer la route aux ennemis qui seraient arrivés par la vallée. Ce bloc est de loin la partie la plus impressionnante puisque des mortiers et des canons sont encore en place. Chacun trône dans sa cellule, chacune fermée par de lourdes portes. Dans ce bloc, les seules ouvertures vers l’extérieur sont des trous du diamètre des obus situées au bout des canons. Un système de contrepoids et de rotules permet d’orienter ces ouvertures au bout de chaque canon – il vaut mieux ne pas se tromper !

 

 Après près de 3 heures de visite, nous ressortons enfin à l’air libre. Je n’ai pas vu le temps passer !

Cet article a 13 commentaires

  1. Il est super ton blog. T’as vraiment des spots sympa.

    1. Merci collègue ! Le tien est pas mal non plus 😉

  2. Ou se situe t-il !?!!

    1. Bonjour,
      Désolé je ne donne pas les localisations des lieux que je visite.

  3. Bonjour !

    Peut-être avez vous depuis plus d’informations sur cet ouvrage et son fonctionnement, mais au cas ou je dispose de mon côté de beaucoup d’informations concernant cet ouvrage que j’ai pu explorer plusieurs fois. Je le reconnaitrais entre milles 😉

    Sur la photo n°8 avec pour légende « chambre presque individuelle »
    C’était en réalité l’infirmerie de l’ouvrage, dont les mur étaient doublés afin de préserver l’intégrité de la salle en cas de bombardements !

    Photo n° 16 :
    Il y avait deux modèle dans ce bloc, le premier une cloche observatoire d’artillerie VDP (Vision Directe et Périscopique). Le second une cloche pour jumelage de mitrailleuses Reibel MAC 31 . Il y en avais 2 de celles-ci sur cet ouvrage.
    Difficile à dire de ce point de vue ci 😉

    Voila pour les petites précisions, si vous le souhaitez je peux vous transmettre bon nombre d’informations !

    Bonnes explos !

    Cordialement, Bab

    1. Merci Bab pour ces précisions !
      Je n’avais pas cherché plus d’infos que ce que j’ai mis dans l’article, n’étant pas un spécialiste de la ligne Maginot ni des ouvrages militaires en général. Je suis plus explorateur au sens large. Mais merci, je suis toujours curieux d’en savoir plus.

    2. Bonjour, connaissant l’emplacement de se bunker, j’ai déjà essayer d’y rentrer sans succès… pourriez vous donner quelques informations supplémentaires pour trouver l’accès ?

      1. Bonjour,
        J’en parle un peu dans l’article… Il y a très peu d’ouvertures, cherchez vers les portes.

  4. Bonjour, Je souhaiterais faire une surprise à une amie fan d’urbex en l’emmenant en montagne tout en visitant un un site d’urbex en pleine montagne serais-t-il possible de connaitre juste les environs ou l’a ville d’à côté pour avoir la surprise de tomber (si l’on tombe dessus déja) sur ce site. Merci de votre réponse et si possible de l’a donner par mail: benoit.seb47@gmail.com

  5. Bonjour Olivier,
    passionné par tout se qui traite de la ligne Maginot, je connais cet ouvrage mais pas la pratique urbex. Bref, comme pour la pyramide de Cheops, je suis arrivé dans la première pièce, mais pris de cours et surtout pas préparé à l’époque car en visite dans la région sans intention d’aller plus loin, je n’ai pas pu passer la porte qui permet d’accéder au graal. J’y retourne bientôt un peu plus préparé, mais y a t’il une astuce pour éviter de revenir bredouille ou de tout casser. Comment prononcer le Sésame ouvre toi de la porte de la première pièce. Merci d’avance.

    1. Bonjour,
      Pas sûr qu’on parle du même endroit, car une fois entré dans une première pièce, toit était ouvert lors de ma visite. Enfin elle date de plus de 5 ans, l’accès a surement changé depuis.

  6. Hello J’ai exploré plusieurs lieux de la première et la Seconde Guerre mondiale celui si je ne l’ai pas encore trouvée …Serait-il possible d’avoir l’adresse en privé s’il te plaît

  7. Hey buddy where is this bunker i will be happy to visit it ❤️‍🔥

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