La route qui mène à la villa du paon est parsemée de bâtiments clairement abandonnés. Il y a des signes qui ne trompent pas : des édifices pris dans une végétation dense, ou à moitié effondrés, ou encore parés de pancartes explicites : « edificio pericolante » (traduisez par « bâtiment dangereux »).

En effet, quand on traverse certaines régions d’Italie, on pourrait croire que le pays est totalement abandonné, tellement les bâtiments délaissés sont fréquents. Pour un passionné d’urbex c’est un véritable eldorado. On a envie de s’arrêter tous les 200 mètres dans l’espoir de découvrir une splendide villa derrière une façade décatie. Sauf que si on se met à s’arrêter partout, on visite le plus souvent des lieux vides et sans intérêt, et surtout on n’arrive jamais jusqu’à notre destination.

Nous nous retenons pour ne pas nous arrêter et nous filons vers la villa du paon, notre objectif du jour.

La Villa du paon

Nous approchons de la villa du paon. Mais la végétation a tellement repris ses droits que la bâtisse n’est plus visible depuis l’extérieur de la propriété. On croirait passer à coté d’une parcelle de forêt.

Heureusement nous savons qu’elle se trouve au milieu du bosquet. Nous passons facilement la clôture. Puis nous dérangeons un groupe de paons. Difficile de savoir qui d’eux ou de nous sont le plus surpris. En tout cas c’est assez étonnant de les trouver là. Il n’y a pas d’autre maison à proximité alors je suppose que ce sont les derniers habitants de la villa. Ils ont probablement été laissés à leur sort et ont appris à se débrouiller seuls. Ils sont très bruyants et sauront se rappeler à nous pendant toute la visite. Voilà, nous avons trouvé le nom du lieu.

Nous passons rapidement par les dépendances – plusieurs granges et une maisonnette, probablement de gardien ou de domestique. L’ensemble présente peu d’intérêt pour nous, nous passons vite sans faire de photos.

Un trou de souris

Nous voilà devant la villa du paon. D’extérieur elle est jolie mais rien comparé à ce que l’on trouve à l’intérieur. Toutes les portes sont verrouillées et les fenêtres ont des barreaux.

Une seule solution s’offre à nous pour entrer. Il manque un barreau à une fenêtre. Une chaîne barre en partie l’accès mais il reste un trou assez grand pour que l’on se glisse à l’intérieur. De justesse, en rentrant le ventre.

Ça y est, nous y sommes. Nous atterrissons directement  dans la cuisine. Dans son jus. L’exploration commence bien.

Le tour du propriétaire

Avec ma binôme nous procédons souvent de la même manière pour explorer un bâtiment abandonné. Nous commençons par faire le tour du propriétaire : nous passons rapidement partout pour repérer ce qu’on aura envie de photographier. Ensuite, arrivés à la dernière pièce nous sortons notre matériel photo et commençons les prises de vue. De ce fait nous commençons souvent les photos par le grenier et finissons par l’entrée, au rez de chaussée. 

Nous procédons de cette manière pour visiter la villa du paon. A première vue l’abandon remonte aux années 70 ou 80. Tout est resté sur place : la villa est remplie d’objets de toutes sortes. Le rez de chaussée est en bazar complet, pas très photogénique. Le premier étage est nettement plus intéressant, moins en fouillis (sans être rangé), avec un peu plus de lumière. C’est ici qu’on trouve les plus belles pièces. Enfin le grenier recèle quelques surprises.

Un superbe escalier peint dessert toutes ces pièces.

Le grenier

Arrivés au grenier, nous montons nos appareils photo sur leurs trépieds.

Ici les pièces sont petites et communes – ce sont des débarras ou encore des anciennes chambres de domestiques. Seule cette table avec quelques objets ésotériques et des ossements retient mon attention. Quelqu’un aurait voulu faire une messe noire ? En fait je penche plutôt pour une mise en scène faite par un autre explorateur.

La pièce maîtresse

Nous descendons au premier étage. La star de la villa est incontestablement la pièce centrale : un salon de réception gigantesque, avec un canapé original en son centre. Cette pièce richement décorée est entièrement recouverte de moulures et de peintures. Elle contient également de jolis meubles et plusieurs objets dont des livres et des vieux magazines délicieusement années 80.

Les chambres

Les chambres se répartissent autour de cette pièce centrale. Elles sont au nombre de 6 ou 7. Toutes sont restées dans leur jus, un peu retournées par des visiteurs indélicats, mais il manquerait quelque chose si c’était trop propre. J’adore.

Le rez de chaussée

Ici on trouve cuisine, salle à manger, bureau, et une pièce centrale aussi grande que celle du premier étage mais qui semble servir à tout et n’importe quoi. A côté du vieux piano on trouve des armoires de rangement mais aussi une télévision, des meubles stockés en plein milieu… En fait on ne sait pas trop quoi penser. De toute façon la pièce est trop en bazar pour qu’elle soit intéressante photographiquement dans son ensemble.

A cet étage l’obscurité est quasi totale, nous forçant à des poses très longues (de l’ordre de 30 secondes). J’abandonne même l’idée de prendre en photo certaines pièces.

 

Nous quittons la villa du paon après 2 bonnes heures d’exploration. Et encore, nous sommes passés vite dans certaines pièces. Ce genre de villa est un véritable trésor d’exploration. Le genre d’endroit qu’on aimerait découvrir à chaque fois qu’on pousse la porte d’un lieu abandonné. En effet avec tous ces vieux objets restés sur place, on découvre la vie des gens qui ont vécu ici, et notre imagination fait le reste. On pourrait y passer des heures.

Sauf que nous sommes à l’autre bout de l’Italie et nous aimerions en profiter pour visiter d’autres lieux abandonnés avant de rentrer en France. Nous reprenons la route.

Cet article a 2 commentaires

  1. Bonjour Olivier, les photos sont vraiment superbes, je crois qu’on ne réalise pas toujours la difficulté de faire des photos dans des endroits sombres, dans l’urgence.

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