Cet hôtel abandonné était répertorié sur ma carte urbex depuis un bail. Mais il n’était pas dans mes priorités. Parce que pour moi l’hôtel Paragon se résumait à une seule pièce : la salle de restaurant. Certes impressionnante, elle ne valait pas le déplacement à mes yeux car je la connaissais déjà sous toutes ses coutures. En effet j’ai vu des centaines de photos prises par les nombreux autres explorateurs passés avant moi. Car l’hôtel Paragon – ou plutôt sa salle à manger – est une véritable star dans le monde de l’urbex.

De passage dans le coin, ma binôme a insisté pour y aller. Merci à elle, car cette salle de bal est en fait le centre d’un petit bijou d’urbex. En effet elle est entourée par un vrai labyrinthe de la taille d’un pâté de maisons. Et ce labyrinthe regorge de nombreux trésors moins connus.

Je croyais que cette exploration allait se résumer à ça :

 

Certes, ça en jette. Mais en fait, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.  Finalement l’exploration de l’hôtel Paragon nous a pris une après-midi complète, en se dépêchant pour terminer avant que la nuit ne tombe. Voici un petit aperçu du monstre – enfin tout ce qui rentre dans mon objectif grand-angle. Impossible d’avoir une vue de la totalité.

L’Hôtel Paragon

Parlons d’abord un peu de la bête. Comme beaucoup d’hôtels abandonnés que j’ai exploré, c’est un ancien hôtel thermal.

Au milieu du XIXème siècle, les médecins commencent à s’intéresser à l’eau de la nappe phréatique sous le petit village. Plusieurs guérisons et un demi-siècle plus tard, nous voilà à la Belle Epoque et l’apogée du tourisme thermal. Les riches raffolent alors des palaces dans les villes d’eau. C’est à cette époque que le village se transforme en ville et l’hôtel Paragon sort de terre.

Avec ses 110 chambres, ses installations thermales, ses salons fastueux, il est et restera jusqu’à sa fermeture l’hôtel le plus luxueux de la région, avec ses 5 étoiles.

 

L’hôtel est abandonné au début du nouveau millénaire. La raison est simple : baisse de l’intérêt du monde moderne pour le tourisme thermal, après des années de décroissance progressive. Et du coup, on n’a plus grand chose à faire dans ce coin paumé d’Italie. Mis à part de l’urbex, bien sur.

Aujourd’hui

Après plus de 10 ans d’abandon, le bâtiment principal ne se porte pas trop mal – la structure tient bon. Par contre dans certaines ailes le toit n’est plus étanche et des infiltrations mettent à mal les planchers. Dans plusieurs pièces des étais ont été mis en place – signe qu’il ne tiendra plus très longtemps sans rénovation. Mais tous les étages restent accessibles.

Le bâtiment a subi pas mal de réaménagements pendant son siècle de service. Si les luxueux salons du rez-de-chaussée sont restés tels quels – aux graffitis près – le reste a été modernisé à plusieurs reprises.

La visite

Nous pénétrons dans le monstre par le premier étage. Nous savons que les salles les plus belles sont au rez-de-chaussée (dans les bâtiments abandonnés – et dans les bâtiments en général – les pièces communes, les plus grandes sont toujours au rez-de-chaussée) mais nous les gardons pour plus tard et commençons par arpenter les étages. On se rend vite compte au vu de la taille de l’édifice que nous ne pourrons pas tout visiter. Ouvrir toutes les portes prendrait au moins 2 jours ! Nous parcourons quelques couloirs rapidement, c’est une suite de chambres sans âme. Photographiquement sans intérêt.

 

Sauf qu’assez rapidement, au pif, nous tombons sur une première bonne surprise : des installations médicales d’un autre âge, dans leur jus. Youpi ! Ca commence à devenir intéressant ! On ne pensait pas trouver ça ici.

Nous restons perplexes devant ces… Je ne sais pas comment dire… Ces sortes de mini-cabines dont nous essayons d’imaginer l’usage. Il semblent destinés au traitement des maladies respiratoires (comme d’habitude, je suis preneur de vos éclaircissements en commentaires). On trouve également une table à lavements – ça fait toujours son petit effet !

 

A l’étage du dessus nous trouvons d’autres installations thermales. Celles-ci sont plutôt orientées loisirs, nous sommes dans un spa. Il est plus moderne… Mais quand même un peu décati : les posters XXL d’éphèbes s’ébattant sur la plage ne sont plus trop tendance !

 

Après cette découverte, nous retombons sur des chambres monotones. C’est barbant. Nous descendons au rez-de-chaussée, histoire de faire notre photo souvenir de cette salle à manger. C’est la plus belle, mais en fait chaque pièce rivalise de par sa taille. Avec les meubles ça devait être impressionnant.

Le meilleur pour la fin

A ce moment on se dit qu’on va quand même monter au dernier étage (5ème ou 6ème, ça dépend des ailes du bâtiment). Et là, en ouvrant des portes au hasard, on trouve plusieurs pièces intéressantes : des pièces encore meublées et pas ou peu modifiées, où l’on sent bien l’abandon. Des pièces comme on les aime, décrépies à souhait. Nous terminons la visite par la partie que je préfère : les chambres des employés – la partie la plus vétuste de l’hôtel et la plus éloignée de la réception – restée à l’écart des rénovations de l’hôtel.

 

Finalement, plus la visite avance et plus il me plaît cet hôtel. Il y a forcément d’autres pièces intéressantes que nous avons loupé, cachées dans ce dédale. En effet, j’estime que nous avons visité un peu plus de la moitié du monstre.

Mais la journée est déjà finie. Nous avons du mal à quitter l’hôtel Paragon mais il fait déjà nuit noire.

 

Cet article a 4 commentaires

  1. Hello,

    Encore une magnifique urbex avec des photos toujours superbes, on s’y croirait, ton travail est fantastique! J’ai l’impression que l’Italie est un pays assez riche en exploration urbaine, pour y avoir été plusieurs fois, j’ai dû à plusieurs reprises m’arrêter pour aller explorer des lieux abandonnés (en particulier un énorme complexe militaire en friche et une maison avec une vieille Citroën des années 20 abandonnée dans le garage, dont une petite rencontre avec le propriétaire, fort sympathique).

    Un petit détail me turlupine, tu dis « On se rend vite compte au vu de la taille de l’édifice que nous ne pourrons pas tout visiter » ou « Il y a forcément d’autres pièces intéressantes que nous avons loupé », mais qu’est-ce qui t’empêche, par exemple, de mettre à profit deux journées pour visiter un bâtiment aussi grand? En balisant un peu (par exemple en coupant le bâtiment en deux pour réserver une partie par jour ou par demie-journée).
    Certes ça augmente le risque de se faire attraper, mais ça permet de ne pas regretter de n’avoir pas tout vu, surtout si par la suite, le bâtiment est détruit ou réhabilité 😉

    Au plaisir de te lire, comme toujours! 🙂

    PS: Pour les appareils médicaux, ils y en a deux qui semble avoir une sorte de canule reliée à un bocal avec un manomètre de pression, on dirait des appareils pour mesurer le souffle des asthmatiques.

    1. Bonjour Arthur,
      Merci pour ce retour qui fait du bien 🙂

      C’est une bonne question que tu poses. En effet rien ne m’empêche de passer 2 jours à visiter l’hôtel en totalité. Mais non je ne pense pas y retourner. La principale raison est qu’il y a énormément de lieux abandonnés à visiter (surtout en Italie comme tu le dis) et je n’aurai jamais le temps de tous les visiter. Surtout que c’est un peu loin de chez moi donc j’essaie de visiter plusieurs lieux à chaque fois. Donc à chaque road trip on ne peut pas tout faire ce qu’on aimerait !
      Je pense aussi avoir vu la grande majorité des pièces intéressantes de l’hôtel. On a essayé de faire intelligemment la visite pour aller dans les endroits les plus intéressants ; il doit rester surtout des chambres – une deuxième visite serait moins « rentable ».
      Le côté « se faire attraper » peut aussi rentrer dans la balance des fois – quand on stresse sur un lieu on se dépêche. Mais pas pour l’hôtel Paragon, on est vraiment tranquille une fois à l’intérieur.

      Voilà, j’espère avoir répondu à ta question.

      Bonnes explos 😉
      Olivier

  2. Vos photos sont superbes ! Mais où se trouve ce monstre en Italie ? Dans le nord ? Je suis très curieuse….

    1. Merci beaucoup !
      Oui c’est en Italie du Nord, mais je n’en dirai pas plus 😉

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