Le Parc des titans et la maison des titans sont encore des lieux qui trainaient sur ma carte urbex, en attente de motivation pour aller les visiter. Et cet été, je suis parti en vacances en famille à quelques kilomètres du site. Alors forcément…

Et puis, en vacances avec moi, il y a un petit garçon de 2 ans passionné d’engins en tout genre. Alors un matin, à la question « On fait quoi aujourd’hui ? », j’ai répondu : « On va voir des énormes engins de chantier, et même une excavatrice à godets ». Son regard s’est allumé. Parce qu’il sait très bien ce qu’est une excavatrice à godets. Il y en a une dans son bouquin des gros engins. Celui qu’on lit 7 fois par jour.

C’est parti.

 

Des gros engins au Parc des titans

Je n’avais pas saisi le caractère abandonné ou pas du parc des titans. Car quelques sites internet touristiques le référencent, même google maps, mais pas de site officiel. Étrange.

En arrivant je comprends peu à peu : nous nous rendons sur le site d’une ancienne mine de charbon à ciel ouvert. Après sa fermeture en 1997, le site devient une base de loisirs, regroupant activités sportives et culturelles. Les titans que je vous présente sont les anciens engins utilisés dans la mine. Ils font partie des attractions du site.

Au lancement de la base de loisirs, ils sont bien mis en valeur et protégés par des grillages. Mais au fil des années, les subventions des collectivités locales diminuent, l’entretien du site aussi. Aujourd’hui les engins ne sont plus indiqués, le grillage qui les entourait a disparu. Seules des plaquettes fixées sur les engins indiquent qu’il est interdit de les escalader et que la société qui gère le site décline toute responsabilité.

En réusmé les titans ne sont pas abandonnés mais pas non plus surveillés. On pourrait philosopher sur le fait que c’est de l’urbex ou pas. Nous nous en fichons : nous pouvons déambuler tranquillement entre ces géants d’acier, l’exploration nous plait beaucoup, c’est l’essentiel.

Mon fils est aux anges. Ma femme est impressionnée par ces engins vraiment (mais vraiment) géants. Moi aussi. Je projette même de revenir seul, histoire d’aller voir dans les entrailles de ces bêbêtes.

Je fais quelques clichés. Certaines pour notre album de famille, d’autres pour vous. La présence de mon mètre-étalon (il fait quasiment 1 mètre) donne une idée de la taille des monstres.

 

Retour au Parc des titans

Je reviens quelques jours plus tard, aux aurores. Cette fois je suis plus à l’aise pour faire des photos, sans un enfant surexcité à surveiller. Je peux aussi escalader les engins.

 

J’ai indiqué les modèles des engins en commentaire des photos (il faut les ouvrir en gros plan pour les afficher). On trouve plusieurs dumpers Haulpak Dresser 510E, une pelle Demag H 285, une pelle à cable Bucyrus Erie 295-BII, une pelle Liebherr R 991. Et la machine la plus impressionnante : une excavatrice à godets, avec sa roue pour « gratter » la colline, ses 30 mètres de haut et plusieurs centaines de mètres de long, dont je n’ai pas trouvé le modèle exact. Manque de chance, une colonie de frelons a élu domicile dans le poste de pilotage. Je n’ai donc pas pu me prendre pour le pilote de ce monstre.

Histoire du bassin minier de Carmaux / Blaye les Mines

Faisons maintenant un détour par l’histoire de la région, au lourd passé ouvrier. Je me suis plongé dans les nombreuses sources sur internet. Je trouve cela passionnant.

Cela ressemble à une histoire du nord de la France, façon Germinal, à base de charbon, de mineurs et de luttes sociales… Mais non, l’histoire se passe dans le Tarn, autour de Carmaux et Blaye les Mines.

Des documents attestent la présence de mines dans le bassin dès le XIIIème siècle. A l’époque les paysans complètent leurs revenus en extrayant du charbon pour le vendre à Albi.

Quelques siècles plus tard, la Compagnie minière de Carmaux est l’une des premières compagnies minières de France, à sa création en 1752. Les mines se développent progressivement. Notons l’arrivée de wagonnets sur rails à partir de 1834. Puis la construction d’une voie de chemin de fer reliant Carmaux à Albi en 1856-57. Ensuite, en 1874, deux nouvelles fosses améliorent l’exploitation de la mine qui augmente encore et toujours son rendement. Elle emploie plus de 2000 mineurs en 1883.

Dans les années 1880 – 1890, plusieurs conflits sociaux éclatent et culminent en 1892 avec la démission du directeur des mines, du député de Carmaux, et l’implication de Jean Jaurès. A cette occasion ce dernier se convertit au socialisme (il était jusque-là républicain). Il sera élu député de Carmaux quelques mois plus tard. Depuis la ville reste un emblème du socialisme.

En fait je suis en train de vous résumer une page wikipedia largement plus fournie et mieux documentée que mon article. Je vous conseille la lecture de cette page passionnante.

L’histoire de la mine de Carmaux : la fin de l’histoire

Je fais un saut dans le temps, passons aux années 1950. En 1949 la mine emploie près de 4300 personnes. Mais la découverte de puits de pétrole au Sahara, la montée en puissance de l’énergie hydroélectrique et les premières centrales nucléaires commencent à concurrencer sérieusement le charbon. L’exploitation minière entame sa décroissance. A Carmaux, un premier puits ferme en 1969 (puits de la Grillatié). Un second en 1973 (puits de Sainte Marie), puis en 1979 (puits de Cagnac) et enfin 1987 (puits de la Tronquié).

A la suite de grèves à la fin des années 1970, François Mitterand visite Carmaux en 1980 et promet la relance de l’industrie charbonnière française. Mais il ne fait rien lors de son élection en 1981. La poursuite des grèves conduira à l’embauche de nouveaux mineurs et la création de la mine à ciel ouvert de la Découverte, exploitée à partir de 1985… Et fermée seulement 12 ans plus tard, en 1997. Il reste aujourd’hui une énorme entaille dans le paysage (avec 1 km de circonférence et 300 mètres de profondeur, c’est la plus grande mine à ciel ouvert d’Europe). C’est ce site que j’ai visité.

La maison des titans : le lavoir à charbon de la Tronquié

En plus de ce gigantesque trou qu’est la mine à ciel ouvert, le passé minier a laissé de nombreuses traces dans la région. On peut également visiter un musée-mine. Mais vous me connaissez, les visites insolites m’attirent plus. Alors après le parc des titans, je suis allé visiter un édifice abandonné et aussi titanesque : le lavoir à charbon de la Tronquié, ou maison des titans, situé à quelques encablures de la mine et du parc des titans.

 

C’est quoi un lavoir à charbon ?

Le principe est simple… Un lavoir à charbon sert à laver le charbon. En effet on ne peut pas utiliser le charbon directement sorti de terre, il faut le nettoyer de ses impuretés et des roches extraites avec. Cela nécessite des grosses installations et beaucoup d’eau, surtout si on souhaite en traiter d’énormes quantités comme ici. J’avais déjà étudié le principe lorsque j’avais visité le lavoir à charbon de Montceau-les-mines (article ici).

Le lavoir à charbon de la Tronquié a lavé le charbon du bassin carmausin depuis 1928. On l’améliore dans les années 50, avec notamment de nouvelles galeries souterraines reliant directement tous les puits du bassin au lavoir. Il ferme en 1997, avec l’arrêt complet de l’activité minière dans la région.

Comme le lavoir de Montceau-les-mines, ce site industriel a une taille impressionnante. C’est un monstre de 7 étages de béton et d’acier. Après 25 ans d’abandon complet, le site est extrêmement dangereux : le béton s’effrite, les sols sont constellés de trous béants, les rambardes ont disparu,… Et bizarrement aucune barrière, aucun panneau ne me déconseillent d’y entrer. J’aurais même pu y entrer en voiture.

Je m’introduis peu à l’intérieur du monstre, beaucoup trop dangereux, et trop impressionnant pour mon vertige. De toute façon le lieu a été défoncé, désossé, tagué et n’a plus de secrets à montrer. Je préfère la vision d’ensemble… Ou depuis le sol.

 

Initiation à l’urbex

J’espère que la visite du bassin minier de Carmaux vous a plu.

Je vous déconseille fortement la visite de la maison des titans (ou lavoir à charbon de la Tronquié). Si le site est accessible et la balade autour sans danger, le bâtiment est l’un des plus dangereux que j’ai eu l’occasion de visiter.

Par contre, la visite du parc des titans a séduit toute la famille. C’était une très bonne initiation à l’urbex pour mon fils. Je vous conseille la visite, pour petits et grands !

Cet article a 3 commentaires

  1. merci super interesant

  2. super le commentaire je suis née à albi et vécu à carmaux papa était mineur de fond à la tronquie merci

  3. Très beau commentaire. Je suis passionné par ces engins, je me souviens très bien en 1991 de la manifestation des mineurs avec leurs Dumpers à Albi même. J’étais chez les Parachutistes à cette époque et nous avions été sollicité pour cet évènement. Quelle grande tristesse de voir tout ce beau matériel abandonné aujourd’hui…

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