Depuis longtemps j’ai le projet d’écrire un article sur le développement photo urbex. Ce projet traînait sur une liste de choses à faire un jour… Et puis voilà, la semaine dernière j’ai eu une révélation : le manoir des lapins est le lieu parfait pour écrire cet article.

J’ai peu de choses à dire sur ce manoir, ça laisse de la place pour digresser. Et puis la prise de vue a été difficile, par manque de lumière, alors j’ai un peu plus retravaillé mes photos que d’habitude. Enfin, bref, c’est l’occasion. Ne la ratons pas.

Comme je l’avais fait lors de la visite du château du pianiste pour parler de technique de prise de vue, je vais rapidement vous présenter le manoir des lapins avant de passer au sujet qui nous intéresse.

Le Manoir des lapins

C’est un manoir isolé dans une région elle aussi isolée. Je ne sais rien de son histoire. Je n’avais même pas fait de recherches pour le trouver, mon beau-frère ayant eu la lumineuse idée d’acheter une maison dans les environs.

L’environnement est assez déroutant pour un lieu abandonné. Déjà les dépendances sont complètement protégées et affichent des jolis panneaux « Attention pièges ». Cela a toujours le don de me refroidir… Sans chercher à entrer, je me dirige vers la bâtisse principale. Deuxième surprise : la pelouse qui l’entoure est coupée au cordeau, on se croirait sur un terrain de golf. Mais non, il n’y a aucune trace d’activité aux alentours… Bizarre… Je continue et j’arrive alors au manoir des lapins qui est complètement ouvert. Il a été largement pillé, saccagé et on voit même un début d’incendie dans une pièce.  Décidément, c’est étrange ! Mais bon, l’essentiel est que j’arrive à mes fins : visiter ce manoir des lapins.

A propos du nom que j’ai choisi pour ce manoir, rassurez vous : il n’y a aucun lapin affamé qui nous attend pour nous sauter dessus. Il n’y a pas non plus de gentils lapins qui gambadent dans la pelouse fraîchement tondue. Encore moins de lapin empaillé, ni de peau de lapin devant la cheminée, ni d’urbexeur masqué. En fait, c’est le genre de référence obscure que vous comprendrez peut-être si vous rendez visite à mon beau-frère.

Avant le développement : la prise de vue

Les présentations étant faites, passons à l’aspect technique. Le sujet est très vaste. J’ai essayé de condenser pour donner un aperçu global mais l’exercice est perdu d’avance – ce n’est pas pour rien qu’il existe des ouvrages de centaines de pages sur le sujet ! Alors cet article s’adresse plutôt à des personnes déjà initiées au développement photo numérique. Si ce n’est pas votre cas, désolé d’avance…

Comme dans l’article que j’avais écrit sur la prise de vue urbex, vous retrouverez en commentaires de chaque photo les paramètres de prise de vue (vitesse, ouverture et sensibilité ISO). Pour la plupart des photos, je vous présente 3 images : la première est la photo non retouchée, telle que sortie du capteur. La deuxième est une copie d’écran des paramètres de traitement de la photo (je suis un utilisateur fidèle d’Adobe Photoshop Lightroom Classic, mais vous retrouverez des options équivalentes sur les autres logiciels). Enfin la dernière photo est le résultat final.

Avant d’aller plus loin, je vous conseille la lecture de l’article du château du pianiste car la prise de vue est à mon avis beaucoup plus importante et plus critique que le développement. Ceci car elle ne peut être faite qu’à l’instant T, quand on a le sujet devant l’objectif. C’est également lors du déclenchement qu’on capture toutes les informations, la matière brute, qu’on pourra ensuite retraiter confortablement installé devant son ordinateur. Si l’on ramène un mauvais fichier il sera ensuite difficile – voire impossible – d’en tirer des miracles une fois rentré chez soi. La retouche ne peut pas tout rattraper, et surtout pas inventer une belle image sans bon fichier à la base.

Sur le terrain

Pour avoir plus de chances de revenir avec la bonne photo, j’ai tendance à multiplier les prises de vue lors de l’exploration. Je peux facilement dépasser 10 clichés d’une scène qui me plait. Ceci en jouant sur un ou plusieurs paramètres entre chaque prise de vue. Je peux faire varier l’exposition (dit autrement, je fais du bracketing, en augmentant ou diminuant le temps d’exposition pour avoir des photos plus ou moins lumineuses), mais aussi le zoom ou encore la position de l’appareil photo. Cela peut aller jusqu’à varier l’éclairage, avec l’apport d’une lumière d’appoint ou en revenant à un autre moment dans la journée avec une lumière différente. Bref, sur site, prenez tout le temps nécessaire pour ramener de bons clichés chez vous, le développement en sera largement simplifié.

Pour augmenter les possibilités de traitement il faut également shooter dans le format raw plutôt que jpeg, car il permet plus de latitude lors de la retouche.

Par exemple, je suis revenu avec une quinzaine de versions de la pièce ci-dessous. En effet la lumière qui entre par cette fenêtre créée une ambiance qui me plait beaucoup. Mais je sais d’expérience que ce type de lumière est difficile à gérer, avec un extérieur très lumineux et un intérieur très sombre. Et l’appareil photo a du mal à trouver les bons réglages tout seul. Voilà la photo que je retiens finalement.

Retouche ou développement ?

Et oui, depuis le début de l’article, je vous parle de développement… Alors que vous vous attendiez surement à entendre le mot « retouche ». Voilà l’explication. Je développe toutes mes photos, j’en retouche très peu. Tout photographe digne de ce nom vous le dira : le développement est nécessaire et fait partie de la photo, que l’on shoote en argentique ou en numérique. En argentique, un bon développeur sait doser les produits chimiques dans différents bains pour faire ressortir plus ou moins les couleurs, les contrastes et rattraper l’exposition. En numérique, c’est pareil : on doit passer par un logiciel de développement pour ajuster les courbes globales de l’image. L’appareil photo ne sert qu’à capturer l’instant d’un point de vue technique, sans âme. Ensuite le développement est nécessaire pour exprimer ce que l’on souhaite.

La retouche va plus loin. On parle de retouche lorsqu’on modifie des zones en particulier de l’image. Par exemple lorsqu’on modifie directement certaines couleurs, ou encore quand on supprime ou qu’on ajoute des éléments. Cela m’arrive mais c’est assez rare, surtout car c’est assez fastidieux et je suis faignant ! C’est pourquoi aujourd’hui je ne vous parlerai que de développement.

Principe du développement

Contrairement à la prise de vue pour laquelle il ne faut pas se tromper au moment de déclencher, le développement numérique peut être recommencé à l’infini. On peut faire plusieurs versions d’une photo, comme on veut et quand on veut. Alors il faut jouer avec les paramètres du logiciel jusqu’à arriver au traitement que l’on souhaite.

Bon, je vous donne quand même ma manière de développer mes photos urbex.

La lumière 

En réalité mon traitement est assez simple, je fais presque toujours le même traitement. Je modifie les hautes lumières et les ombres, via les 2 curseurs dédiés et la courbe des tonalités. Les valeurs varient d’une photo à l’autre. En effet pour des photos d’extérieur j’y touche peu, car la lumière est assez homogène. Par contre pour les photos d’intérieur, sombres, mais avec des sources vives de lumière comme des fenêtres, j’approche les limites de ces curseurs. Lors du traitement j’augmente le curseur des ombres (pour les éclaircir) et je baisse celui des hautes lumières (pour récupérer des détails dans les zones « cramées » ou blanches). Une fois ces 2 curseurs modifiés, j’ajuste la courbe des tonalités en lui donnant une légère courbe en S, pour accentuer un peu les contrastes.

J’ai également tendance à sous-exposer à la prise de vue car il est plus facile de récupérer des ombres que des hautes lumières. Conséquence : j’augmente le curseur d’exposition.

Voici quelques exemples avant / après avec les paramètres lightroom entre les 2 photos.

 

Vous avez peut-être remarqué que j’ai modifié aussi les curseurs de clarté et de correction du voile. Ces 2 curseurs permettent de récupérer de la présence, du contraste. Je les utilise régulièrement mais avec parcimonie, sinon la photo risque vite de devenir trop criarde.

Autres outils : le redressement et le recadrage

Si dans 90% des cas je m’arrête aux retouches décrites au paragraphe précédent, il m’arrive de toucher à d’autres curseurs. Voici un exemple un peu plus poussé.

Il y a un autre groupe d’outils que j’utilise très souvent, à savoir les outils de recadrage et de redressement d’image. J’ai un gros problème de stabilité : j’utilise le niveau à bulle de mon trépied et l’horizon virtuel sur l’appareil photo, mais il n’y a rien à faire ! Malgré tout ça je ramène énormément de photos pas droites. Alors j’ai souvent recours au bloc « Transformation » (voir ci-dessous), dans lequel j’utilise les boutons automatiques et/ou les curseurs manuels. Là encore il faut jouer avec jusqu’à obtenir ce que l’on souhaite.

Enfin, dans cette pièce j’ai un peu bâclé la prise de vue, en prenant une photo beaucoup trop sombre. Par conséquent au développement j’ai du rattraper l’exposition (+2,66), un peu trop car la photo s’est retrouvée bruitée. J’ai donc réduit ce bruit numérique (bloc « Détail », voir la dernière copie d’écran).

Encore un peu de manoir des lapins

Voici encore quelques photos du manoir des lapins que je n’ai pas réussi à caser ailleurs. Elles n’ont pas de traitement particulier. Alors je les pose là…

Conclusion

Si vous avez tout lu, vous savez que je traite quasiment toutes mes photos. Vous savez aussi que j’utilise rarement des lumières artificielles et que je fais toutes mes photos sur trépied. Et je redresse la grande majorité de mes photos.

En fait, l’important est d’être inspiré et de faire comme on a envie. Voici une photo prise à main levée, avec mon projecteur d’appoint, et aucun traitement. Je l’aime bien comme ça… Oubliez tout !

 

Mise à jour décembre 2019 : je reparle de développement photo dans l’article sur le château lumière. Avec quelques autres exemples de retouche, notamment l’évolution de mon traitement en comparant des photos de 2015 et de 2019.

Cet article a 2 commentaires

  1. Bonjour Olivier
    c’est un article très intéressant. Je travaille aussi avec le logiciel DxOViewPoint3. Qu’en est-il du HDR? J’utilise les deux. Les possibilités sont plus grandes.
    Le développement aussi.
    au revoir. J.F.

    1. Merci JR,
      Personnellement je ne fais jamais de HDR, je n’aime pas trop (et je ne maîtrise pas !) mais je sais que beaucoup d’explorateurs en font

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